dimanche 4 avril 2010

Un matin comme un autre...la rue documente Terre

Minuit le 9 juillet 2001
Plus tard après un repas fatigant et un voyage de 600km, demain matin j’ai rendez-vous avec le psychiatre pour décider d’arrêter l’Haldol, un médicament que je prends depuis septembre 1999 et qui m’a valu quelques mois de semi-somnolance.
11h31
J’arrive de mon RV, je suis tombée de mon lit pour rien car l’heure exacte était 15h au lieu de 11. Je n’avais pas regardé dans mon calepin pour m’en assurer et une fois là-bas, on m’a dit de revenir cet après-midi.
Voilà ! Cette fois c’est sur, j’arrête l’Haldol, je dois prendre de l’Artane pour quelques mois encore…Il y a de grandes chances pour que je n’aie plus de problèmes de délire tant que je prendrai du Dépamide et du Zyprexa, ça ne me pose pas de problème. Je le fais comme je me lave les dents ou comme tout autre chose de quotidien et hygiénique, indispensable. Tous les égarements dont j’ai pu être victime me semblent appartenir à un autre mode de fonctionnement que je ne pourrais pas reprendre. Dorénavant j’agis plus en retrait qu’avant. Je ne me rappelle pas avoir été aussi bien à ma place que maintenant, les impératifs de la société vont bientôt me retomber dessus, avant que je n’aie eu le temps de dire OUF. Alors je me hâte d’essayer de retranscrire ces 12 années de doutes qui m’ont détachée petit à petit de la réalité, réalité que j’ai eue tant de mal à reconquérir. La soirée débute, dans une heure j’avale mon comprimé avec les autres, d’un coup, tous ensembles.
Encore un jour de plus, 23h30, de retour de chez D., bon film et bonne ambiance au rendez-vous…que de choses agréables en une seule fois !
A 14h10, il fait un temps propice à la flânerie et j’aimerais en profiter mais j’attends une visite qui n’arrive pas. Attendre, toujours attendre ! J’en ai ma claque ! Bientôt ils arriveront et je ne saurai pas quoi faire pour leur faire plaisir, et puis j’aurai oublié mon impatience.
Aujourd’hui samedi, ils ont fini par venir hier…avec un peu de mal dans les poches ! Et puis , je dois préparer un repas pour S. et R. ce soir, ça me fait plaisir ! Je dois me rendre en ville pour subvenir aux besoins d’ingrédients, ma recette en nécessite quelques-uns que je n’ai absolument pas dans ma cuisine, depuis que je vis seule, je ne prends presque rien d ‘avance, sinon ça traîne dans le frigo et je finis par jeter. Je ne veux pas les décevoir, je sais qu’ils aiment bien manger. Quelques heures plus tard : j’ai passé l’après-midi à faire le marché, éplucher, il ne me reste qu’à lancer la cuisson. La petite famille arrive dans un quart d’heure, une demi-heure.
Le surlendemain ; Je suis tombée en panne de gaz samedi au moment où je commençais à faire revenir les oignons…j’ai appelé au secours et nous avons sillonné le boulevard à la recherche d’une station-service qui vendait du butane en bouteille rouge, ça complique le terrain d’investigation ! Et comme S. n’avait pas faim tout de suite (contrairement à moi), nous sommes allés chercher sa femme et sa fille qui cassait la croûte en toute impunité. Toujours est-il que mon dîner était plutôt réussi et nous a cloué le bec pendant quelques paires de minutes. L’estomac colmaté.
Presque minuit, je sors de chez Vi. C’est bon d’entendre des actifs matinaux s’exprimer. Demain je vais chercher tout le matériel qu’il me faut pour peindre, d’abord les planches dans le bois de Franois, les spatules et pinceaux à Thise, et Vi. apportera la sous-couche dans la soirée. Le tout va se dérouler comme on part en voyage.
23h :Ce matin j’ai décollé à 9h et tandis que j’étais allée me baigner dans la Loue, F. et N. sont passés pour boire le café comme nous l’avions prévu hier, j’ai vraiment honte. Par contre il y a eu du positif ce matin par rapport à ma peinture, je suis allée chercher des supports et je viens de passer une heure à ébaucher…peut mieux faire ! Mais Vi. a oublié de me ramener du blanc… Comme si c’était un dû. C’est une réalité. Bien, je vais me coucher.
Mercredi 15 août 2001
Je viens de poser une couche irrégulière de blanc sur une des planches, ce soir, Vi. a apporté ma peinture, je suis heureuse mais mécontente du résultat. Je manque cruellement de rigueur…demain je vais chercher les couleurs ! Pour l’instant, je ressens de la frustration en attendant que ça sèche et je regarde les reliefs, impuissante à corriger les formes. Il est maintenant minuit moins le quart, je ne vais pas trop vite pour l’instant mais j’ai soif de travail ! Vivement demain que je puise me ruer sur les couleurs.
C’est demain, je n’ai pas encore les couleurs mais cette nuit, j’ai travaillé le blanc sur deux des planches. Les reliefs sont arrondis et les gouttes de peintures sont visibles. Je me faufilerai entre les gouttes, de pluie cette fois, pour aller chez Tirep car j’ai trop envie de découvrir ce qui va apparaître dans ces rectangles irréguliers.
Vendredi, J’ai posé deux visages sur cette couche de blanc, les couleurs sont très vives et je trouve cela déséquilibré bien que le blanc ait gardé une place importante. Il me faut encore préciser les contours et garder des endroits raffinés, j’ai travaillé comme une brute avec un pinceau trop rigide et imprécis.
Dimanche matin : Je suis bien réveillée depuis 3h et n’ai toujours pas mangé, pris ma douche, par contre j’ai fait de la peinture…le soleil donne de beaux rayons chauds et vibrants. Me revoilà émergeant d’un après-midi décontracté, je n’ai pas mis le nez dehors : Je me pose des questions de composition graphique.
Mercredi : La peinture avance, il me reste à poser le noir dans les coins des cadres et aux endroits stratégiques de la composition.
Mardi suivant : Je traîne, j’aimerais avoir un rythme plus soutenu. Je me questionne, je m’interroge et finalement, j’ai posé plein de noir sur le troisième tableau… De retour de chez V., le soir. Il fait un temps plus qu’agréable, ça dure depuis une bonne semaine…je me sens bien.
Jeudi : La pluie est au rendez-vous et le quatrième tableau avance alors que le troisième n’est pas terminé. L’ambiance colorée est plus sombre que ce que je faisais habituellement, ça donne une teinte plus intimiste. J’ai plus de mal à gérer la composition avec ce genre de palette, mais bon, je travaille !
Samedi midi : Je n’ai pas préparé de fond et je regrette de ne pas l’avoir fait, maintenant j’aurais voulu attaquer le cinquième tableau.
Dimanche 02 septembre 2001 : Ca y est, le fond est étalé et je vais pouvoir enfin manipuler la couleur ! Le cinquième tableau sera d’abord dans les tons jaunes.
Lundi matin : Je n’ai pas encore commencé mais il me tarde de m’y mettre, cette plage blanche et irrégulière m’attire…maintenant j’ai mangé, j’attends D. pour 15h, je souffre rapidement de solitude quand je ne vois personne. Il me semble que la dernière dose d’Haldol a terminé ses effets. J’ai rendez-vous demain avec le Dr, on discutera sans doute de la conséquence qu’ont les médicaments sur moi. J’ai retrouvé de l’irascibilité qui revient par moments, enfin, je le gère. Ca fait bizarre.
Jeudi, quelques jours encore sont passés, je ne respecte pas mon planning. Cet après-midi, je vais à la clinique pour la septième fois, c’est pour une intervention au laser sur la rétine, je déteste ça, ça fait un peu mal (je suis gentille !), mais bon, il faut le faire sinon je risque un décollement.
Samedi : L’opération s’est bien déroulée, je n’ai pas eu trop mal et je n’ai pas eu mal à la tête dans la soirée. Je n’avance plus dans mon travail, il faut que je me bouscule un peu sinon je n’aurai pas fini à temps.
Jeudi 18 Octobre : Cette fois j’ai un peu avancé, hier soir j’ai posé l’enduit pour mon dixième tableau. Tout n’était pas sec ce matin…Je trouve que le résultat d’ensemble est bien léger !…Je m’en contenterai mais je ne suis pas sûre que cela suffira pour le public, qui va voir le résultat de ces deux mois de questionnements.
Mercredi 24 Octobre : Le tableau est jaune et rouge rosé, je me donne des difficultés en faisant mes enduits trop tard le soir, la lumière n’était pas très bonne cette nuit pour le onzième. L’évolution de la technique va me conduire à l’abstraction. Je ne fais qu’extraire une proposition figurative d’un fond abstrait…un regard d’abord puis tout un visage ensuite. Je regrette de figer les traits qui sont mobiles quand tout est encore en valeurs de blancs. Bien que je voie très nettement le contour…et puis, je retourne souvent le fond avant d’attaquer. Je me suis imposé le format portrait dans lequel les choses sont nées d’elle-même. La naissance du premier de la série était de composition géométrique dont deux figures ont surgi. Je me suis imposé ensuite de faire deux visages par tableau puis j’ai dérivé vers un seul portrait par format. Mes personnages me paraissent sereins et calmes, leurs regards sont assez contemplatifs voir amusés. L’évolution des ambiances colorées tend vers un éclaircissement sensible et le blanc reste apparent, mais il vient maintenant masquer la couleur et non plus apparaître par réserves.
Jeudi : j’ai du effacer un oeuil déjà bien avancé parce qu’il n’était pas bien placé du tout, c’est pourtant par où j’avais commencé le tableau ! La bouche était tellement convaincante que j’ai du me plier aux lois de l’anatomie, que je ne maîtrise pas. Je souhaite prendre mon temps mais je veux rester dans cet univers dont je viens d’entrouvrir la porte…deux heures plus tard : ça y est ! Le regard est là, posé pour longtemps…la bouche est pulpeuse et entrouverte dans un sourire, tout est dans des tons verts à partir d’une ligne conductrice courbe jaune et bleu primaire.
Dimanche 28 octobre : Le monde est encore sous le choc des attentats du 11 septembre à New-York, mais les journalistes ne peuvent pas faire leur travail en Afghanistan. On sait juste que du courrier porteur du virus du charbon arrive aux USA depuis une quinzaine de jours…la psychose est là, en Europe aussi.
Samedi 10 Novembre : Les nouvelles ne sont pas bonnes, par contre mon travail a avancé vitesse grand « V ». J’en suis aux finitions, je me demande comment je vais gérer le séchage du vernis dans l’exiguïté de mon appartement.
Dimanche 11 Novembre : Hier soir, CARTED était à Besançon aux Ateliers de la Grette, j’ai revu avec beaucoup de plaisir les gens qui participaient à cette série, j’en ai rencontré d’autres aussi et c’était bien. Je suis en train de terminer mes tableaux, j’ai abîmé le noir et violet avec deux visages qui partagent un oeil.
Mercredi : L alliance du Nord a marché sur Kaboul il y a deux jours. La population s’est empressée de mettre de la musique dans les échoppes, les hommes se sont fait couper la barbe qui était obligatoire, les femmes osent pour certaines enlever leur Burka…les médias ont montré tout à l’heure des hommes qui maltraitaient des cadavres de Talibans…la pudeur n’étouffe pas le monde occidental ! Je vernis mes tableaux par de fines couches d’aérosol, ça sent très fort et il reste un résidu tout autour de l’opération qui se manifeste par une couche de poudre qui étonnamment ne colle pas. Comment ça tient sur les tableaux reste un mystère pour moi. J’ai distribué et envoyé une quarantaine d’invitations pour lundi, je me demande ce que ça va donner de réunir ces gens qui ne se côtoient pas d’habitude…j’espère avoir la niaque pour l’accrochage, je veux dire par là que les résonances des tableaux entre eux vont être dures à mettre en place.
Dimanche 18 Novembre : Nathalie nous a quittés, elle était sourire et soin et je sens sa présence autour de nous…cet événement tombe en même temps que l’anniversaire d’Agnès et que mon expo ! Mardi il y aura une petite cérémonie à sa mémoire, elle connaissait beaucoup de monde.
Jeudi 29 novembre 2001 : J’ai eu quelques retours sur mon expo, c’est un lieu populaire et je pense avoir trouvé la juste distance avec ce que j’ai présenté grâce à tous les commentaires différents qui m’ont été faits.
Mercredi 05 décembre : Il aurait peut-être fallu que je mette une étiquette expliquant que j’avais fait les tableaux en deux mois ! Je passe à autre chose, voilà tout. Je suis sur des collages bien sages qui vont se modifier grandement, j’ai très envie de jouer avec la matière…Je n’ai plus qu’à me laisser faire avec la colle à papier peint et la cellulose. Je manque quelque peu de supports : c’est de ma faute, il y a eu des cartons gigantesques et très solides dans la coursive et je n’ai pas demandé si je pouvais les prendre, maintenant, ils ne sont plus là !
Jeudi 20 : Les exaspérations s’accumulent en cette période de fêtes…Pascal K. doit rêver à dans quatre jours quand il boira son petit canon !
Dimanche 20 Janvier 2002 : Nat, tu aurais aujourd’hui 41 ans si on ne nous avait pas privés de ta présence il y a deux mois par ton décès si soudain…j’ai passé la journée avec tes parents, Pillou, Agnès et Aurore.
Et puis en rentrant, il y avait un numéro de téléphone afin de passer un casting pour l’émission Loft Story 2eme édition, j’ai téléphoné et j’ai rendez-vous le 12 02 2002 à 10h à Lyon, je pose quelques espoirs là pour que ma vie change, pour enfin rencontrer des gens qui partagent une soif d’autre chose dans les relations qu’ils entretiennent avec le monde extérieur. Depuis toute petite, j’ai eu envie de rentrer dans la grande boite magique au milieu du mur du salon, pas pour faire mon guignol comme dirait Tata Odette, mais pour m’agiter au rythme des petites taches de couleur qui composent l’image…et puis on me prétend télégénique.
Hier soir j’ai eu la visite de Nicolas. Je pense partir mardi pour Agen et faire un détour par Laurens avant de rentrer me préparer un peu psychologiquement. Je vais essayer de ne pas en parler autour de moi. Je dois impérativement apprendre la loi du « solidaires, mais chacun pour sa gueule ! » et si ça rate, ce sera toujours une bonne expérience.
Mardi 29 : La journée était super bien remplie. J’ai d’abord vu Christian Nétillard ce matin à 9h puis je suis partie chercher l’Odette pour qu’on mange ensemble au FJT, nous avons pris le café à la maison, puis la navette pour Thise où nous avons traîné les grandes surfaces, retour à la maison puis je l’ai raccompagnée en ville à 17h…c’était bien !
Sinon je suis rentrée hier soir d’un périple à travers la France. Philippe est égal à lui-même, il flippe alors il boit…ça le fait flipper encore deux fois plus de boire et il tourne et retourne en rond la question de comment arrêter ! C’est infernal, il est très malheureux. Je n’ai pu lui offrir que deux jours et demi, nous n’avons pour ainsi dire pas dormi dans la nuit du mercredi au jeudi, je me suis couchée à 5h et il a passé nuit blanche à boire. Quand je me suis levée, il était intimidé et ne pouvait pas me regarder en face. C’était un peu dur.
Le vendredi, je suis partie pour Laurens, j’étais ravie de voir mes parents. J’ai dormi chez Aurélien samedi soir …Maman m’a emmenée voir Chagall à Lodève dimanche, c’était exceptionnel.
Mercredi 13 février 2002 : Me voilà de retour de Lyon. C’était un peu étrange, j’ai vécu tout ça dans une réalité parallèle, où les évènements « glissaient » un peu les uns sur les autres.
Vendredi 1er Mars : Je fais maintenant partie d’un collectif qui s’appelle 7et demi, hier soir nous avons participé à une réunion.
Dimanche : L’exposition au 6, rue Pasteur aura lieu bientôt, j’ai du travail !
Je me suis égarée affectivement et ça m’a laissée blessée au milieu de ma solitude…Il est vrai que j’ai l’impression de me jeter systématiquement dans les bras de personnages manipulateurs et hors la loi…Ce n’est pas le moment de toutes façons.
Samedi 16 Mars : Je me suis jetée dans la gueule du loup, c’est bon, il est bien en fait. Nous avons une relation qui joue beaucoup sur la fascination et nous discutons beaucoup.
Je travaille bien, aujourd’hui j’ai terminé (presque) les trois premiers formats carrés et noirs qui composeront la prochaine expo, j’ai déjà déposé des pièces dans le lieu. Il faut que je change d’endroit…Agnès doit m’en vouloir de m’être mise là !
Plus tard le soir…deux de plus : ce sont des carrés de 21cm de large pour ceux d’aujourd’hui et de 8,5 pour ceux qui sont là-bas. Je pense qu’il faut que j’y aille demain, mon travail n’y est pas mis en valeur et je gêne là où je suis actuellement. Il me fallait juste un peu plus de temps pour me mettre en place…j’allais oublier que je passe la journée avec Mame demain ! Nous allons sans doute aller à Ranchot et nous trimballer ensemble, ça fait du bien d’être avec sa mère quand des choses encombrantes ont été déposées et qu’on n’y touche plus !
Mercredi 29 mai 2002 : L’exposition est terminée depuis un mois mais je n’ai pas perdu mon temps depuis. J’avais besoin d’énergies nouvelles et je suis partie pour un petit périple d’un peu moins de trois semaines…d’abord Belfort puis St Jean de Braye et enfin Laurens où j’ai bien rechargé les accus. Je me sentais vide après cette période pleine de rebondissements et de rencontres, suivie comme il se doit d’un moment où je ne savais plus ni ce que j’avais à donner, ni ce que j’avais à recevoir ! Et puis les différents problèmes rencontrés concernant les gens du collectif, c’était difficile de faire avec les personnalités de chacun…
J’expose toujours au moulin de Brainans et pour un mois encore. Je n’ai même pas encore vu ce que ça rendait sur place !
Mercredi 05 juin : Aujourd’hui, j’ai donné du temps à JL, il est passé ici après que nous ayons déjeuné au 1802 et j’ai senti à quel point il était obsédé par la femme en général. Cela me met mal à l’aise, j’aime que les êtres se regardent sans espoir de domination les uns envers les autres… De plus il a mangé un steak tartare ! Ce qui veut tout dire… il était gluant à souhait… mais je pense qu’il a beaucoup souffert et qu’il s’est replié sur un univers dans lequel il peut prendre le pouvoir (peut-être avec l’argent ?) et dans lequel il nourrit de puissants phantasmes. Il est possible qu’il s’accroche à des chimères ;
Jeudi 27 juin 2002 : J’en arrive à me demander ce qu’il me prend parfois ! Le temps file à une allure qui m’était jusqu’ici étrangère. Je repasse le film des trois dernières semaines et dans l’ensemble, je n’ai pas perdu trop de temps. Nous avons enregistré plein de titres avec les PVC, ce nom est provisoire car il rappelle un peu cette période où tout se nommait par sigles et autres abréviations…mais c’est un peu « chanson » pour ma part, alors que j’aspire à la création sans passer par le laborieux travail d’essayer seulement ou de ne pas être « dedans ». Je me sentais l’âme poétique, qui s’est retrouvée entravée en plein élan par des hésitations et quelques fautes de goût. Ce n’est la faute à personne, ce n’est peut-être qu’une question d’aspirations personnelles…je sens tout !
Vendredi : j’attends Mélanie qui vient avec une de ses copines. Popeye le chat partage maintenant mon lieu de vie et il en redemande ! C’est bien de savoir que quelqu’un est dans la maison et que je lui dois soins et entretien…par compte je n’ai pas encore essayé de peindre depuis qu’il est là.
Vendredi 05 Juillet : Nous nous préparons à partir lundi pour Laurens, il me tarde de me ressourcer même si c’est aussi le bon moment pour se regarder en pleine face…à l’état brut. J’ai fait une petite marine pour Pillou à l’occasion de ses 40 ans, il était content apparemment.
Samedi 17 Août 2002 : Je suis revenue depuis deux semaines du Sud où j’ai pu apprécier le farniente et le bullage ! Hier soir François m’a appelée pour me commander une expo à la maison Bellevaux qui est un institut pour personnes agées…mon échéance est prévue pour début 2003. Je vais faire une nouvelle série, j’ai esquissé des « paires » représentant conjointement une marine et un paysage champêtre. Pour l’instant je l’ai traité à l’aquarelle, et deux toiles de format identique pour les pigments sont composées. Il me faut à nouveau investir dans des matériaux, au niveau couleur, c’est bon, j’ai du liant et des pigments, j’ai également toute une batterie de pinceaux, par contre, je manque de supports…et j’ai découvert la toile. Là où je me fournis maintenant, il y a des châssis prêts à l’emploi en lin enduit et ça me convient bien, ils sont dépareillés dans l’ensemble mais je les achète par deux. Je n’en suis encore qu’à tirer des plans. Le concept de la série sera axé autour d’une idée de parité…deux éléments : la terre, l’eau…de dualité : l’air, le feu.
Samedi 24 : Il faut admettre les possibilités qui s’offrent à celui qui veut participer au Monde. La contemplation, l’intégration, puis l’action, la retranscription enfin, puis la critique. C’est là que l’échange prend toute sa dimension. Le regard de celui qui a reçu un concept et qui constate sa représentation chez un Autre…ce qu’il en a fait, à quoi il l’a réduit. La comparaison entre leur point de vue personnel et surtout, l’extrapolation sur la base de ce qui est concrètement proposé.
Nous sommes au mois d’Octobre…le 09 je crois. C’est l’anniversaire de Françoise, j’irai peut-être la voir tout à l’heure, je vais lui préparer un petit cadeau.
03 Janvier 2003 : Au présent, j’ignore depuis quand je n’ai pas entrepris de noter quelques lignes de mes pensées du jour dans cette rubrique. J’ai réalisé que je pouvais maintenant introduire des espaces dans mes tableaux, je pense en terme de paysage imaginaire, d’Eden à venir. Je ne veux pas encore y mettre de constructions mais peut-être des traces de passage. Je ne crois pas avoir mentionné qu’il s’agit de portraits de personnes âgées réalisés dans la maison de retraite où travaille mon oncle François. Je m’y suis rendue deux fois par semaine pendant deux mois sur la fin 2002.J’étais là le matin et je revenais l’après-midi, les gens venaient par deux pendant environ deux heures. C’était une expérience très forte, elle l’est encore puisque ça m’a fait rebondir sur une nouvelle façon d’envisager mon travail : l’argument est devenu concret… de plus, on m’a demandé d’en faire d’autres. Tant que ce n’est pas réellement en route, j’ai du mal à imaginer que mes tableaux vont entrer ailleurs que dans ma famille. Je commence à avoir le recul nécessaire à tout acte créatif, peut-être le détachement primal est-il nécessaire. J’avais déjà la conviction que ce qui sortait ne m’appartenait pas, mais maintenant je suis convaincue que ce n’est qu’un reflet d’une idéalisation fantasmagorique. Je suis au service de celui qui veut savoir comment l’Autre le voit. Avec toute la charge d’espoir que cela comporte.
Samedi 15 Février 2003 : Inscrire une date me parait futile…cependant la lenteur avec laquelle se réveille la conscience tant individuelle que collective me fait penser que le temps fait des boucles aléatoires et subjectives.
Samedi 1er mars 2003 : La radio distille des substituts de conversations entre auditeurs et animateurs sur une base de chansons interprétées par d’autres que d’accoutumée, je suppose que les buts sont orientés…parfois je pense que tout est fait pour décérébrer les gens. J’aimerais trouver des idées qui circulent à propos de trouver des solutions allant dans le sens de la pluralité qui nous distingue, dans le respect de la personnalité de chacun, sans souci d’appartenance à un sous-ensemble revendiquant une prise de pouvoir sur autrui.
25000eme millénaire : Le pouvoir des chiffres m’essouffle. Je revis la musique des âges de l’Homme en titubant sur les matières et la surface de notre planète dévastée.
09 Mars 2003 : officiellement pour les distillats de journaux et de radios sérieuses, ou bien encore pour le postulat de la déesse Télévision dans notre espace-temps phallocratique dominé par des capitaux occidentaux qui entendent le rester…à quand le rêve Terrien dans une humanité pacifique ? J’ai vu Raël au Vrai Journal de Karl Zéro sur Canal+, je me suis dit que j’avais de la chance d’être dans un pays qui tolère que de tels gens s’expriment en toute liberté tout en sachant qu’ils ne risquent que leur parole et la crédibilité de leurs propos. Peut-être après tout a-t-il réellement fait un voyage inter-stellaire. Dans un moment où le monde prend des tournures de roman de science-fiction et où les préoccupations principales des gens consistent à conserver le « confort » qu’ils ont eu peine à entasser…tout est possible ! Je dirais même que ce mouvement est l’ordre des choses : Les gestes du travail ont perdu leur dimension spirituelle. L’aspect vital d’où ils sont issus leur donnait une noblesse et une richesse, une dimension de l’ordre du naturel. C’est avec l’apparition de l’abstraction de la finalité du travail par le biais de la rémunération que l’harmonie a disparu. La raison qui rend le travail acceptable disparaît avec la « commande »… améliorer la condition, la position de l’être dans son environnement… (et non pas agir sur l’environnement…) retrouver le langage égaré des méandres de l’évolution et analyser ce qu’il convient de faire en terme de durabilité et de gestion de la répartition des besoins...
Vendredi 21 : La guerre est déclarée depuis hier. Les conséquences sont déjà extrapolée à travers les médias. C’est comme si le monde entier découvrait que nous pouvons dire non à ce qui est décidé par nos dirigeants, ou tout du moins l’exprimer. Les manifestations se multiplient mais il reste encore une majorité de personnes qui se sentent concernées…de loin…
Les ressources de l’Irak provoquent une telle soif de se les approprier de la part de G. Bush qu’il clame partout qu’il sera le libérateur au nom de Dieu de ce pays sous régime dictatorial. La propagande pro-américaine était pourtant un phénomène bien rôdé et mis en place depuis plus de 60 ans, ils se posent en puissants défenseurs de la liberté et de la démocratie alors que le gugusse qui tient les rennes est arrivé au pouvoir d’une façon frauduleuse. De plus, J. Chirac en profite pour se redorer le blason,… il a tout de même eu une prise de position en faveur de la paix et apparaît à l’Ecran comme impuissant, cadré sans les mains.
1er Avril : Mes activités musicales sont très en retard, je ne parviens pas à figer mes textes et les autres musiciens se laissent partir dans des boucles personnelles. Peut-être sommes-nous dans une configuration où nous devons tolérer les fortes personnalités de chacun d’entre nous… C’est délicat car nous sommes très différents et d’expériences vécues comme des coups de semonce (je ne sais pas pour Manu, basse). Le batteur a vécu dans une secte pendant sept ans et il a des notions relationnelles un peu étranges, quant à Vincent, nous sommes la dualité même. Je m’évertue à faire quelque chose qui sorte d’une partie de moi que je souhaite tournée vers des énergies positives mais ma douleur transparaît sans doute. Et puis j’ai tendance à souffrir
Je me suis interrompue au milieu de ma phrase et je reviens aujourd’hui, le 08 avril, en me demandant à quoi bon. J’insiste pour parler au directeur d’un centre de remise sur les rails destiné à des personnes en difficultés psychologiques depuis plusieurs semaines et je me confronte à des barrières féminines infranchissables. J’ai pu lui parler personnellement une fois mais c’est dur de reprendre. Il prétendait ne pas avoir reçu mon courrier alors j’ai tiré un double et je lui ai renvoyé mais je n’ai pas eu d’autres nouvelles hormis tout à l’heure… il est en « réunion ». Peut-être que c’est lui qui va rappeler.
Vers minuit : Décidément cette heure est une heure propice à l’envie de m’exposer sur le clavier, les minutes s’enchaînent à une rapidité vertigineuse. L’expo de ce week-end dans le village méconnaissable de mon enfance était une série de contretemps. C’était là l’occasion de faire savoir que je pouvais être cohérente et j’ai brillé par mon absence et bénéficié d’une présentation totalement à côté de ce que je suis. Heureusement que la presse locale a rectifié le tir, elle parle de « portraits personnalisés » et répète l’encart qui figurait avec les travaux, j’y parlais de collages prolongés au feutre… Chaque fois que je présente quelque chose, il y a un homme autour de moi pour me dérouter en me persuadant que c’est sa vision des choses qui est la bonne et il ne peut admettre qu’une « bonne femme » puisse élaborer un raisonnement plus efficace que le sien. Ils se croient indispensables au point de vouloir nous aider : nous mettre des bâtons dans les roues en se déchargeant du quotidien qui nous revient d’office. Je pense que la frustration masculine de ne pouvoir engendrer en lui est telle que toute son énergie part à se rendre présent. Il gamberge sur des concepts qui ne peuvent nous être qu’étrangers…
Jeudi 10 Avril 2003 : C’est à dire le lendemain matin. La chaîne câblée diffuse des clips et autres orgies iconoclastes et lobotomisantes. Je suppose que le réveil est impossible et je ne peux que constater les dégâts sur pas mal de mes congénères… maintenant c’est le tour des rappeurs et autres R’n’B business, suivis de blondes pulpeuses aux lèvres pulpeuses. Quelques exceptions proposent des messages d’alerte contre l’avilissement de l’espèce et l’urgence d’intervenir dans nos relations à la Planète en tant qu’être vivant à part entière.
Dimanche 13 : A midi pile, je suis là sur ce clavier et il me faut trier mes bribes d’idées qui se décomposent en lettres spatiales. De plus en plus de mes interlocuteurs, voir de mes amis, me disent que je ferme les discussions car je tire des vérités de tout. Ce qui m’a fait analyser ma réactivité à la grammaire qu’ils utilisent pour s’exprimer… et je constate que le présent est un temps peu usité ! Devant cet état de fait, je constate que je ne peux qu’attendre patiemment que les autres soient disposés à communiquer ce qu’ils sont et non pas comparer ce qu’ils avaient et ce qu’ils auront. De plus je deviens quelqu’un avec qui on doit « faire vachement gaffe » à ce qu’on dit parce que…Alors là, j’ignore la suite. J’aimerais me sentir à la hauteur juste de mes exigences, pouvoir rester la tête hors de l’eau même quand quelqu’un d’autre se noie. Au lieu de ça, je plonge et le tourbillon aspire… Je lutte contre la dépression, il me faut me mettre à la peinture au plus vite. Le portrait de Daniel n’est pas encore terminé.
Je souhaite travailler le fond avec le liant et les pigments en poudre. Je crois que je ne peux plus me permettre d’utiliser de la peinture faite pour l’étude.

Lundi 21 Avril 2003 : La semaine sainte s’achève et tous les magasins sont fermés, il va falloir se contenter de ce qui se trouve dans le frigo. Il n’y a plus de fruits ni de produits laitiers… j’aimerais aussi de la charcuterie. Le climat est très étrange, la température est anormalement élevée. Dernièrement au milieu des autres, je reviens toujours devant le même mur d’incompréhension, ils s’habituent à une façon d’être et ne sentent pas du tout ce que cela implique de vivre des comportements pilotés par des personnalités multiples.
C mainte nan le 2zyeme reuh tour dussus’d ! En pilote automatique et consciente de la sème antique, la navigation requit air un peu d’adresse.
A près ans le retour fut Hure qui vit ?cut
02 juillet 2003 : La lucidité n’est pas une denrée qui me fait défaut. Je dirais même que c’est au point que ça devient handicapant. Après avoir pris le recul nécessaire à la réflexion, je sais à peu près la place que j’occupe dans les quelques bribes rassemblées qui finissent par ressembler à un tissu avec des motifs…
Fin Novembre 2003 : Je suis une fois de plus désabusée par la gent masculine qui sait tirer parti de beaux mensonges et faire prendre des vessies pour des lanternes à quiconque se laisse séduire. J’ai saisi la balle au bond mais je ne serai guérie que lorsque cette obsession me quittera… tout le monde a peut-être les mêmes choses qui reviennent cycliquement perturber l’ordre établi par le déroulement et les étapes clés d’une journée.
21 Février 2004 : Rien, il ne se passe rien…
J’atteins des pics sur certains moments passés à faire de la musique, l’écriture des chansons est un exutoire inconscient. Ce soir Claudine dort à la maison, elle est venue faire une lecture au «Pavé dans la Mare», j’aime beaucoup cette fille.
14 Mai 2004 : C’est bien qu’il fasse un temps splendide.
20 Mai : L’antidépresseur que je prends depuis quelques jours me fait subir des effets secondaires gênants. Je suppose que je supporterai mieux d’ici quelques jours… j’espère, en tous cas ! Je ne me souviens pas de ça la dernière fois que j’en avais pris. Dans quelque temps ça ira mieux… de toutes façons.
Je ne souhaite plus me demander pourquoi, comment tout tourne, je souhaite juste parvenir à grappiller tous les instants de bonheur au moment où ils surgissent et m’en satisfaire le plus possible.
27 Août : Une accumulation d’évènements combinée à l’effet de ce médicament m’ont conduit à l’hôpital… j’y suis restée une semaine qui s’est avérée très bénéfique. Par contre ce sont mes relations qui dégustent ! Chaque fois que je vois Vincent, on se prend la tête, je ne sais pas où il veut en venir, par contre, je sais qu’il fait mouche à chaque fois. Il s’arrange pour m’attaquer sur des choses qu’il croit déceler en moi et qui ne correspondent en rien à la réalité. C’est exaspérant, fatigant et pire, très décevant.
Je pensais qu’il éprouvait de l’amitié pour moi mais je constate qu’il aimerait plutôt à la limite me sauter, et que c’est peut-être la seule motivation qui le pousse à venir me voir. Il ne comprend rien à l’humour et pire, se croit supérieurement intelligent à la moyenne…ce qui est détestable en terme de communication : c’est déjà difficile quand les interlocuteurs se situent à pied d’égalité ! Et je ne parlerai pas des dégâts sur l’estime de soi !
Samedi dans la nuit… le 29 :Je suis raide dingue d’un inconnu qui vit dans mon immeuble. Depuis 2000 nous jouons à celui qui fera frémir l’autre d’un regard et à force, ça me trotte sérieusement dans la tête, je le trouve très très attirant.
8 Janvier 2006 : Je le trouve toujours aussi attirant mais le hasard est très capricieux, nous ne nous croisons pratiquement jamais.
Nous avons raté une occasion de nous embrasser alors que nous étions dans le même ascenseur est depuis je me ronge d’avoir de nouveau une si belle occasion.

3 commentaires:

  1. Rouge sur noir un peu difficile à lire ... A tête reposée tranquillement je vais entrer dans tes pensées offertes
    Est-ce que c'est ouvert à tous ? MERCI à toi

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    1. Bonjour maman,je me disais justement que je n'ai pas fait de paragraphe et c'est vrai que ce choix de couleur de fond est un choix peut-être impertinant..
      Bien sûr, c'est ouvert et public,on peu partager avec ses amis et autres sites.
      Merci beaucoup pour ton soutien..

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    2. Pour parteger c'est le bouton jaune tout à la fin de l'article, je pense changer l'aspect graphique de ce blog, ça n'en changera pas l'url..

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